Un espace de prévention pour une jeunesse 2.0

En tant qu’animateur socioculturel dans un centre de loisirs pour des jeunes entre 10 et 18 ans, mon travail consiste à établir un lien de confiance avec la jeunesse, afin d’offrir une prévention adaptée à leurs questionnements. Le jeune est en quête d’apprentissages sociaux et culturels. Il découvre les différents codes que régissent la société et va commettre des impairs, nécessaires à son bon développement. C’est ici que mon rôle est prépondérant, car l’outil mis à sa disposition est un espace d’expérimentation. Le centre de loisirs !

En prévention, l’espace de discussion est le premier outil à proposer. Mais dans les faits, les jeunes ont besoin d’avoir des personnes qui les comprennent et les acceptent avant de parler de différents sujets. Pour cela, pas le choix, nous devons nous investir dans leur réalité et donc « être à jour » sur leurs points d’intérêts, notamment les réseaux sociaux. Pas besoin d’être expert en la matière. Justement pas ! L’idée est plutôt de découvrir le média au travers des jeunes. Par exemple, dans notre centre de loisirs, nous avons décidé de créer un compte sur « Tik Tok ». Dès lors, nous investissons les jeunes dans la création de contenus et leur avons demandé de nous guider dans la pratique de ce réseau social. Eh oui, nous mettons aussi la main à la « pâte » ! 

Valoriser leurs compétences, de « créateurs » notamment, pour permettre l’échange sur leurs pratiques numériques. Cet échange va construire ce lien de confiance grâce auquel le professionnel se sentira « entendu » dans la transmission des conventions sociales et du cadre, et le jeune plus « confiant » pour partager son vécu et accepter les règles « imposées ». 

Évidemment, ce n’est pas le seul challenge ! En effet, il est difficile de décrocher d’un environnement gratifiant et agréable tel qu’un jeu vidéo ou Netflix pour un autre environnement. Même si ce dernier peut être plaisant comme un repas ou une activité extérieure. Cette capacité de décrochage est longue à apprendre. Elle finit de se développer en général vers 25 ans. C’est ce qu’on appellera plus factuellement : la gestion de la frustration !

Il est facile de critiquer les médias et l’utilisation qu’en ont les jeunes. Mais en réalité, quand nous avons envie de dire d’un jeune qu’il est « trop » sur les écrans, partons plutôt du postulat qu’il doit d’abord apprendre à gérer et apprivoiser sa frustration.

Enfin, il est clair que l’adulte doit endosser ce rôle ingrat de celui qui interdira ou imposera les limites en se confrontant à la frustration du jeune. Ici, pas de miracle ! Mais heureusement, la plupart du temps, le jeune a un réseau d’adultes et de référents conséquent sur lequel s’appuyer pour son développement.