Changeons ! 

La scène se déroule dans un grand magasin de jouets. Nous sommes fin novembre, la période de Noël a déjà déposé son empreinte sur l’atmosphère du lieu. Le rayon scintille de mille lumières, les jouets, bercés par les sons de Noël, sont rutilants. Certains enfants trépignent, d’autres jouent dans les allées.

Se frayant un chemin à travers la scène, un couple pousse une magnifique poussette. Complices, les deux parents regardent à droite puis à gauche, cherchant ensemble le beau cadeau qu’ils sont venus trouver. Ils avancent tranquillement puis me dépassent. J’aperçois, dans la poussette, un jeune garçon, les yeux écarquillés. Devant l’enfant, accroché sur le guidon de son véhicule, le téléphone de ses parents diffuse un dessin animé. Alors que le couple traverse le magasin, l’attention de l’enfant reste constamment absorbée par l’écran du téléphone. Pour lui, les lumières, les jouets, les enfants et les musiques n’ont pas existés.

Bien sûr, à partir de 3 ans, les écrans n’ont pas que des mauvais côtés. Ils peuvent renforcer certains apprentissages, procurent un plaisir certains aux enfants et contribuent à libérer l’attention des parents.

Cela étant dit, alors que les smartphones nous accompagnent quotidiennement depuis presque 15 ans, il semble plus que jamais nécessaire de rappeler que les écrans ne devraient jamais servir de prétexte pour éloigner les enfants de moments de vie qui leur seraient bénéfiques. L’usage abusif des écrans appauvrit la vie de l’enfant en le privant de la découverte de l’espace, des dépenses physiques ou de l’interaction avec d’autres individus. Ainsi, même si dans la petite enfance les écrans déchargent souvent les parents du poids de l’accompagnement constant dans des vies déjà bien remplies, l’usage de ceux-ci devrait se cantonner aux moments de transitions.

Il est dans l’air du temps de fustiger les fabricants de technologie pour leur responsabilité dans la dérive des usages. Je pense que cette réflexion comporte une certaine justesse, mais je pense qu’elle doit également s’accompagner d’une responsabilisation des utilisateurs.

Ainsi, si nous, parents, sommes voués à accompagner nos enfants dans la découverte saine des écrans, il est de notre devoir de nous instruire. Or, à ce stade, le constat est affolant, la part des parents qui se forment à cet enjeu, devenu si central, est infime. Il faut que cela change, et vite…

--------------------------------------------------------------

Cet article du Blog figure également en dernière page du Nouvelliste ainsi que sur sa version électronique du journal