Il y a un ras-le-bol que je ne peux plus ignorer, à la fois personnel et partagé avec les jeunes et adultes que j’accompagne : la manière dont la culture geek, et cela concerne tout particulièrement les joueurs et joueuses de jeux vidéo, continue d’être moquée et dénigrée.
La culture geek, pourtant, est une richesse. Elle célèbre l’imagination, la diversité, et la créativité. Les mondes fantastiques qu’elle explore, via les jeux vidéo, les cosplays, la lecture ou les jeux de société, offrent des espaces de liberté où chacun peut être celui qu’il ou elle veut. Pourtant, cette communauté est caricaturée comme asociale et accro aux écrans, une vision erronée qui persiste dans les discours publics et les institutions.
Lors d’un récent hackathon universitaire, j’ai été témoin d’une scène révélatrice. Une équipe travaillant sur le bien-être numérique a présenté une mise en scène caricaturant des "gamers" supposément enfermés dans leur bulle numérique, découvrant enfin la "vraie vie" grâce à un défi anti-écran. Ce stéréotype était non seulement stigmatisant, mais il ignorait complètement la réalité. Les joueurs de jeux vidéo ne se contentent pas de consommer : ils collaborent, créent, et nouent des liens sociaux profonds. Rencontrer des amis sur un jeu, par exemple, n’est pas un signe de problème mais bien d’une utilisation constructive du numérique.
Le plus inquiétant, ce sont les conséquences sur les jeunes. Beaucoup culpabilisent de leur passion pour le jeu vidéo, persuadés qu’elle est mauvaise pour leur santé. Pourtant, les jeux sont pour certains un exutoire, un moyen de gérer le stress ou de tisser des relations, notamment pour des jeunes neuroatypiques qui y trouvent un espace d’expression et de maintient du lien social. Malgré cela, on leur répète que jouer "n’est pas la bonne passion".
Cette vision simpliste de ce que signifie jouer doit évoluer. Aujourd’hui, le jeu, qu’il soit vidéo ou de société, s’impose aussi chez les adultes comme un outil d’apprentissage, de créativité et de collaboration. Plutôt que de stigmatiser, pourquoi ne pas écouter les geeks et reconnaître la richesse qu’ils apportent ?
La culture geek n’est pas un problème : c’est une source d’inspiration. Il est temps de dépasser les clichés et de lui offrir enfin la reconnaissance qu’elle mérite.