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Julian Droux, October 27 2021

Sur Facebook, plus c'est gros, plus ca passe!

 La série d’articles, The Facebook Files, parue dans le Wall Street Journal à la suite des révélations de la lanceuse d’alerte Frances Haugen, est une lecture vraiment passionnante mais sacrément préoccupante.

En 2018, à la suite du constat d’une baisse inquiétante des interactions entre les utilisateurs du réseau, Facebook a introduit une refonte profonde de son algorithme de présentation du contenu. Celui-ci devait inverser la courbe des interactions entre utilisateurs en priorisant les publications générant des réactions. Grâce à ce nouvel algorithme, Facebook espérait maximiser l’intérêt de ses 3 milliards d’utilisateurs pour leurs fils d’actualités et ainsi, à gagner de précieuses minutes d’attention supplémentaire.

Seulement voilà, l’algorithme s’appuyant sur un système de classement des interactions sociales significatives, il est très vite apparu que le fil d’actualité des utilisateurs accordait une place de plus en plus importante au contenu à caractère négatif, divisant et haineux.

Le grand pouce bleu pointait soudainement massivement vers le bas. Le monde en fut rapidement témoin ; partout sur Facebook, les discussions tournèrent à la volée de bois vert de tous vis-a-vis de tous.

Les journaux en ligne adaptaient leur contenu en publiant des titres de plus en plus polémiques. Les partis politiques extrémisaient leurs publications. L’objectivité subissait la revanche de la désinformation.

Une étude interne de Facebook montre même une corrélation presque systématique entre le nombre de partages d’une publication et son degré de désinformation. En d’autres termes, sur Facebook, plus c’est gros, plus ça passe !

Alors, pendant que Facebook, prisonnier de son modèle économique, se dépatouille pour justifier ses dérives devant le Sénat américain, le questionnement du rapport que nous entretenons avec le géant bleu et avec la majorité des acteurs qui pratiquent l’économie de l’attention retombe entièrement sur nos épaules de citoyens du monde.

Nous avons grandi dans un monde largement régi par une déontologie journalistique qui assurait qu’une proportion significative des informations nous étant présentées passait par le filtre de l’analyse objective des faits. Nous devons maintenant prendre conscience du fait que les algorithmes de nos fils d’actualités ne procèdent que par analyse de notre envie de consommer tel ou tel contenu. Dans un tel modèle, l’objectivité de l’information n’a aucune incidence sur le choix de l’information qui nous est présentée.

Contrairement au 4 octobre dernier, Facebook ne disparaîtra pas soudainement de la face du monde. Alors, utilisons-le les yeux grands ouverts, en ayant conscience de cet équilibre précaire entre augmentation et destruction.

Cet article du Blog figure également en dernière page du Nouvelliste ainsi que sur sa version électronique du journal

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Julian Droux

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