Enfant, si vous ne l’avez pas vécu, vous en avez très certainement été le témoin : de tout temps, le harcèlement scolaire a rythmé une partie de la vie de nos campus scolaires. Entre 12 et 18 ans, les jeunes s’éloignent de leur cercle familial pour construire leurs cercles d’appartenance auprès de leurs pairs. De tout temps, tous les moyens furent bons pour faire rire au détriment de l’autre, s’assurant ainsi une voie express dans l’ascenseur social.
Oui, mais non, le harcèlement entre pairs a beau avoir toujours existé il n’en est pas moins radicalement plus grave aujourd’hui. L’arrivée des outils numériques a profondément donné plus de résonnance à cette pratique. Les groupes sont plus grands, les moyens sont plus nombreux, les moments sont plus diffus et, surtout, les zones de refuge ont désormais disparu.
Comme jamais auparavant, le cyberharcèlement est un fléau silencieux qui détruit l’enfance de ceux qui le subissent.
Lorsque nous mettons en scène des situations de cyberharcèlement avec des parents et des professionnels, nous remarquons systématiquement la complexité pour la victime à recourir à une aide extérieure. Nous remarquons également la faiblesse des discours de prévention auprès des groupes qui perpétuent l’agression. En d’autres termes, la victime a trop honte pour en parler et « les agresseurs » sont prisonniers d’une situation qui les valorise tout en les terrorisant.
De ce ballet
social sombre émerge le profil de l’observateur. L’observateur pèse sur la
situation par son nombre et par son silence. L’observateur ne dit rien mais
l’observateur voit, ou décide de ne pas voir.
Chers parents,
si, en Suisse, un enfant sur quatre se dit victime de harcèlement, combien sont
agresseurs et, surtout, combien regardent en silence ? Cette question, il est
désormais important de se la poser, non seulement à l’école mais également en
famille, autour de la table du souper.
Les situations
graves de cyberharcèlement ne se résolvent pas de l’intérieur, elles
nécessitent l’intervention d’adultes afin de permettre l’écroulement du secret
et la dissolution de la dynamique de groupe. Pour que vous, parents, puissiez
reconnaître ces situations, il est impératif que vous ayez ces discussions avec
vos jeunes. Initiez la discussion par cette question :
« Si j’observe silencieusement du harcèlement envers un camarade et que je ne fais rien, suis-je complice de l'agression ? »
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Cet article du Blog figure également en dernière page du Nouvelliste du dernier mercredi du mois (sauf exceptions) ainsi que sur la version électronique du journal