Alors que l’avenir de Twitter est encore bien difficile à établir, alimentant toujours les craintes de voir l’oiseau bleu redonner la parole aux vilains petits canards qui prospèrent sur les points de division de nos sociétés démocratiques, il est intéressant de prendre un peu de recul. Quel rôle les réseaux sociaux jouent-ils dans notre monde ? Et, si nous critiquons justement leur format, ne serait-il pas opportun de réfléchir à la forme qu’ils devraient prendre ?
Twitter, en tant que réseau social des politiques et du monde journalistique, exerce la plus grande influence sur les émotions, les pensées et les croyances des citoyens du monde. En titillant nos émotions, ce qui se dit en ligne, ce qui fait réagir et ce qui se partage inonde inévitablement la presse écrite, audio et visuelle, pour terminer sa course au cœur de nos repas de famille.
Connecté ou pas, vous êtes tous indéniablement liés à l’humeur du jour des réseaux sociaux. Vous êtes donc tous, de près ou de loin, des utilisateurs !
Pour vous faire réagir, Twitter et compagnie s’appuient sur un modèle économique dommageable qui cultive les points de polarisation de la société. Plus les thématiques divisent l’opinion, plus elles créent du débat, plus elles génèrent du profit et plus elles renforcent le système en place. Tout cela rassure les investisseurs.
La sacro-sainte liberté d’expression sur les réseaux sociaux n’est-elle pas simplement le résultat d’une récolte massive des données des utilisateurs calibrée dans le but de provoquer plus d’interactions sur les plateformes sociales ? Bien souvent, en ligne, « la parole libre » est inconsciemment induite par les algorithmes, et permet de monétiser du temps en ligne supplémentaire.
Réalisant la place centrale que prennent les réseaux sociaux et l’importance capitale qu’ils jouent dans l’organisation de nos sociétés. Mais surtout, en ayant conscience des nombreux défis majeurs que nous aurons à relever ensemble ces prochaines décennies, ne devrions-nous pas nous poser la question de savoir quelle forme nous souhaitons donner à notre canal principal de communication ?
En taclant les paradigmes basés sur la hausse du nombre d’utilisateurs et la hausse des taux d’engagement, il deviendrait possible de donner de la valeur à des contenus sans que cela ne doive passer par des mécanismes de viralités débouchant sur l’éternelle poursuite du St. buzz.
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Cet article du Blog figure également en dernière page du Nouvelliste ainsi que sur sa version électronique du journal